La campagne électorale a débuté jeudi dernier. Plusieurs organismes acadiens ont envoyé un message aux partis politiques. Tour d’horizon de leurs doléances.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Éducation
Les priorités mises de l’avant par la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) s’articulent autour de quatre axes essentiels : le continuum en éducation en langue française, la santé, le développement économique et l’immigration.
«Ces domaines représentent des leviers fondamentaux pour le bien-être et la prospérité de nos communautés, et la SANB appelle à des actions concrètes pour répondre à ces enjeux clés», a affirmé la présidente de l’organisme, Nicole Arseneau-Sluyter.
La SANB milite notamment pour la création d’un ministère de l’Éducation de langue française, regroupant l’apprentissage de la petite enfance jusqu’à l’enseignement postsecondaire sous une gouvernance unique.
Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB). (Courtoisie)
«Nous avons défendu cette position lors des rencontres Équipe Acadie en mai dernier. Nous nécessitons des structures de gouvernance solides, adaptées aux besoins des communautés francophones», affirme Mme Nicole Arseneau-Sluyter, présidente de la SANB.
Immigration
Cette demande relative à la dualité en éducation trouve son corolaire en matière d’immigration. En effet, l’organisme plaide pour que le Nouveau-Brunswick instaure un système permettant aux deux communautés linguistiques de développer des stratégies autonomes et adaptées à leurs besoins spécifiques, visant à garantir l'égalité des chances pour les francophones.
«Les décisions sur le recrutement et les ressources qui y sont consacrées sont souvent prises par d'autres, mais leurs impacts sur nous, les francophones, sont énormes. Pour réussir, nous avons besoin d'une formule gagnante», insiste Mme Arseneau-Sluyter qui réclame un « équilibre linguistique » en immigration.
Économie
En matière d’économie, la SANB voudrait que la revitalisation des régions rurales et semi-rurales de la province soit inscrite aux programmes des partis en présence. Entre autres, l’organisme préconise l'élargissement de la Route 11 jusqu'à Bathurst et la décentralisation des compétences régionales.
Anthony Azard est le PDG de la Chambre de commerce Cap-Acadie. (Photo : Damien Dauphin)
«À la base, le développement économique doit être pensé localement, avec une perspective régionale, rebondit Anthony Azard, PDG de la Chambre de commerce Cap-Acadie (CCCAcadie). Ce n’est pas en imposant des solutions d’en haut ou en centralisant autour d’une seule entité que nous allons dynamiser nos communautés. Les réalités des régions sont différentes des réalités urbaines et l’approche « taille unique » comporte des lacunes.»
Il avance que c’est l’avenir de la province qui est en jeu, et qu’à ce titre, le milieu des affaires mérite des solutions concrètes pour faire face aux défis majeurs qui frappent le Nouveau-Brunswick.
S’il se réjouit que le gouvernement Higgs ait réduit la dette de la province, M. Azard défend une approche équilibrée qui donne leur juste part aux investissements les plus nécessaires. «Réduire la dette est important, mais pas au détriment des services essentiels. Nous appelons à une gestion budgétaire responsable qui allie réduction de la dette et investissement stratégique dans nos infrastructures sociales et économiques.»
Anthony Azard attend d’un parti politique qu’il sache « reconnaître les enjeux des petites et moyennes entreprises en région » et qui soit prêt à travailler avec la CCCACadie.
Secteur culturel
Pour sa part, l’Association des artistes professionnels de la province (AAAPNB) réclame l’augmentation du financement des Arts et de la Culture par un investissement de 40,5 millions de dollars supplémentaires par année. «Selon l’économiste Pierre-Marcel Desjardins, cet investissement pourrait générer 41,5 millions de dollars de profits nets et un produit intérieur brut de près de 1,2 milliard de dollars.»
L’organisme porte-parole des droits des artistes demande depuis longtemps que soit adoptée une Loi sur le Statut de l’artiste. Comme pour faire écho à la requête de la SANB en matière d’éducation, il réclame également la création d’un ministère des Arts et de la Culture à part entière « afin de tirer pleinement avantage du secteur et d’en faire un vecteur incontournable du développement global de la société ».
«Nous espérons du prochain gouvernement, quel qu’il soit, qu’il prenne la mesure de la situation et investisse davantage dans le secteur des arts et de la culture», martèle Jean-Philippe Raîche, président de l’AAAPNB, ajoutant sa conviction qu’une Loi sur le Statut de l’artiste permettrait à ceux-ci de « créer et de vieillir dans la dignité ».
«À vous, partis politiques, de nous prouver que vous avez la vision et les solutions pour bâtir un Nouveau-Brunswick plus fort, plus juste et plus prospère», conclut Anthony Azard.
A la une : Jean-Philippe Raîche et Carmen Gibbs représentent l’association des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB). (Photo : Francine Belliveau)