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Dieppe-Memramcook : Natacha Vautour désignée candidate libérale par les militants


La succession de Richard Losier, qui a choisi de ne pas briguer un nouveau mandat, a suscité des vocations dans la circonscription de Dieppe-Memramcook. Mercredi dernier, au Monument-Lefebvre, les militants du Parti libéral ont porté leurs suffrages sur Natacha Labrie Vautour, qui réside à Memramcook.

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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien


Éducatrice et membre du conseil d’éducation du District scolaire francophone Sud, Mme Vautour avait été la première à déclarer sa candidature à l’investiture libérale. Pascale Paulin, stratège en communication, Christian « Kit » Goguen, artiste et agent immobilier, et Monique LeBlanc, ancienne députée, étaient entrés à leur tour dans l’arène pour tenter de décrocher une nomination qui, selon certains, est un ticket d’entrée à l’Assemblée législative.

C’est une Susan Holt combative et gonflée à bloc qui est montée sur la scène du théâtre du Monument-Lefebvre avant que les quatre candidats ne prennent la parole. La cheffe libérale n’a pas mâché ses mots à l’encontre de l’actuel premier ministre. Des personnels de soins de santé aux enseignants, dont elle a dénoncé les conditions de travail, en passant par les simples citoyens qui peinent à joindre les deux bouts, elle fait le tour du Nouveau-Brunswick pour écouter ce que la population veut lui dire.

«Dans chaque coin de la province où je vais, j’entends les gens me dire : ‘Higgs has to go’, et que c’est le temps pour le changement. Notre équipe vous écoute et travaille d’arrache-pied pour comprendre les enjeux», a déclaré celle qui aspire à devenir la première femme première ministre de la province, et qui s’engage à travailler avec respect et amour au service des citoyens.

Christian Goguen fut ensuite le premier des quatre candidats à exposer sa motivation au public et aux membres votants. Artiste ayant parcouru le monde, il réside à Dieppe où il exerce également la profession d’agent immobilier. Il a dit avoir vu de jeunes familles en larmes à cause du prix exorbitant des maisons. Priorisant notamment la santé mentale des jeunes et l’accès à une éducation inclusive, il a déclaré vouloir faire une différence dans la vie des gens.

«Quand je vois que des enfants arrivent à l’école avec le ventre vide, je ne l’ai pas seulement à cœur, je l’ai dans le cœur», a dit le père de famille soutenu par son épouse Louise Vautour et leur fils, Mathias.

Monique LeBlanc, qui fut députée de Moncton-Est pendant six ans, s’est ensuite avancée avec la certitude que le Parti libéral reprendra le pouvoir en octobre prochain. Des quatre candidats en lice, elle était la plus expérimentée en politique. Elle a dit que la regrettée Claudette Bradshaw, dont elle fut autrefois la voisine à Parkton, était son mentor et qu’il était temps que le Nouveau-Brunswick soit dirigé par une femme.

Bien qu’originaire de Moncton, elle a signifié de belle manière ce que la circonscription qu’elle briguait représentait pour elle. «Avec Memramcook, lieu de la renaissance acadienne, et Dieppe, plus importante ville acadienne au monde et moteur économique de l’Acadie, la circonscription de Dieppe-Memramcook est celle qui définit le mieux l’Acadie d’aujourd’hui.»

Une femme de terrain qui voudrait vivre 147 ans

Natacha Vautour avait déjà frappé à la porte de plus de 400 maisons avant la tenue du congrès d’investiture. Elle se définit comme une femme d’action qui aime être «sur le terrain où les choses se passent», et s’inspire, elle aussi, de l’exemple de Claudette Bradshaw afin d’améliorer la vie de tout le monde.

Constatant que la province est «sous respirateur» depuis plusieurs années, elle a décidé de se lancer en politique. Elle estime qu’au lieu de progresser, la province ne fait que régresser dans tous les domaines, de l’éducation aux soins de santé, en passant par l’hébergement et les infrastructures. L’ambition ne fait pas défaut à Mme Vautour.

«Je dis souvent à mes amis que je veux vivre 147 ans, car j’aime la vie, j’aime les gens et j’aime faire une différence. Je veux donc être ici longtemps pour créer une communauté heureuse et épanouie. Chaque jour, je me lève avec des idées pour améliorer les choses», a-t-elle exprimé.

Enfin, Pascale Paulin s’est faite l’écho de la position du Parti libéral sur des sujets de société qui retiennent l’attention depuis que Blaine Higgs est au pouvoir. «Je trouve que le gouvernement ne devrait pas se préoccuper de la couleur de notre peau, de la langue qu’on parle, de la religion qu’on pratique ou de qui on aime. Ce que nous demandons au gouvernement, c’est de respecter tout le monde. Le premier travail d’un gouvernement, c’est de prendre soin de son monde et surtout des personnes les plus vulnérables de la société.»

«Comme je l’ai fait dans les dernières semaines, je vais aller à la rencontre des gens. Tout n’est pas gagné jusqu’à l’annonce après les élections, je dois continuer à travailler aussi fort que je l’ai fait pour la convention», a indiqué Natacha Vautour à Moniteur acadien suite à son investiture.


Un processus opaque qui soulève des questions

Les membres votants étaient invités à classer les quatre candidats par ordre préférentiel, ce qui a donné lieu à un dépouillement long et compliqué. Le président de l’association libérale de Dieppe-Memramcook, Tristian Gaudet, a annoncé sans plus de détails que Natacha Vautour avait été désignée au troisième tour de scrutin.

Un porte-parole du Parti libéral a informé Le Moniteur acadien par courriel qu’un vote anticipé avait eu lieu pour permettre aux gens qui ne pouvaient se déplacer pour diverses raisons de participer au scrutin. Il a également répondu au manque de transparence entourant la proclamation des résultats.

«Tous les candidats avaient des scrutateurs dans la salle pendant l'intégralité du processus de comptage et ils ont été informés des résultats par leurs scrutateurs. L'Association libérale du Nouveau-Brunswick ne publie pas les résultats détaillés du vote par respect pour les candidats.»

Politologue à l’Université Mount Allison, Mario Lévesque estime que la démarche, bien que conforme à la politique du Parti libéral, «ne passe pas le test de l’odeur et suggère fortement que la direction du parti voulait qu'un candidat particulier soit choisi et qu'elle était prête à faire tout ce qu'il fallait pour que cela se produise.»

Le candidat du Parti vert, Jacques Giguère, a ironisé sur une telle opacité qui, selon lui, ne peut que générer des frustrations. «C’est comme si, au mois d’octobre, on nous disait que le Parti conservateur avait gagné, mais sans nous donner les résultats du vote.»