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Des citoyens s’opposent à un projet de construction près de la rivière Petitcodiac


Un groupe de citoyens dirigé par l'activiste social Jean-Claude Basque a demandé à la Ville de Moncton d'imposer un moratoire sur le projet Gateway au centre-ville - deux immeubles d'habitation de 17 étages au bord de la rivière - et d'effectuer une étude d'impact environnemental et social.

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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien


Dans un communiqué de presse diffusé aux médias, M. Basque a déclaré que la zone située le long du sentier était très vulnérable aux inondations et que les tours jumelles proposées nuiraient au réseau d'espaces verts le long de la rivière Petitcodiac.

«C'est un joyau non seulement pour les citoyens de Moncton, mais pour tous les citoyens de la région. Il doit être protégé et doit demeurer public. Il faut l'agrandir plutôt que de le rétrécir», a déclaré M. Basque, qui a été porte-parole du Front commun pour la justice sociale pendant plus de 20 ans.

M. Basque avait prévu une conférence de presse mercredi 7 août pour exposer ses arguments contre le projet, mais il l'a annulée in extremis. À la place, il a envoyé aux membres des médias un communiqué de presse par courrier électronique. Il y indique que la demande de moratoire avait été envoyée à la mairesse Dawn Arnold et à tous les conseillers municipaux. Cette demande est accompagnée d'une pétition signée par 34 citoyens locaux.

La demande de moratoire de M. Basque intervient avant que la ville n'ait procédé à la procédure habituelle d'audition publique pour les grands projets de développement. Il affirme que la ville irait à l'encontre de sa propre politique de protection du bord de l’eau si elle autorisait le projet à aller de l'avant.

Le 17 juin, le conseil municipal a voté en faveur de la vente d'un terrain vacant sur le boulevard Assomption au promoteur John Lafford pour le projet Gateway, deux immeubles d'habitation de 17 étages situés juste en face des trois immeubles de 15 étages connus sous le nom de Three Sisters.

Les trois premiers immeubles de 15 étages compteront 460 logements, tandis que les deux immeubles de 17 étages proposés créeront 377 logements, ainsi que des locaux commerciaux au rez-de-chaussée. La vente de la propriété est la première étape, puisqu'elle devra faire l'objet d'une procédure de rezonage, qui comprendra une audience publique. En cas d'approbation, la construction commencerait cet automne et durerait environ quatre ans.

Des immeubles qui risquent d’être inondés ?

L'aménagement proposé se ferait sur un terrain vacant situé à l'angle du boulevard de l'Assomption et de la rue Foundry, actuellement occupé par un atelier de réparation automobile inoccupé. La zone a déjà été utilisée pour l'entreposage de matériaux de construction et est entièrement entourée d'une clôture à mailles losangées.

Lorsque le projet a été proposé en juin, la ville a déclaré que le terrain se trouvait dans une plaine inondable et que des travaux d'atténuation des inondations seraient nécessaires autour des tours d'habitation proposées. Le projet prévoit que le rez-de-chaussée des tours d'habitation fera face au sentier et comprendra des espaces commerciaux ainsi qu'un restaurant ou un café. Le sentier longe les deux rives de la Petitcodiac et s'étend du pont Gunningsville au centre-ville de Moncton et à Dieppe.

M. Basque a déclaré que la ville devrait procéder à une évaluation de l'impact environnemental et social de la proposition, car celle-ci se situe sur un terrain très vulnérable aux inondations. Selon lui, le sentier est censé constituer une zone verte tampon par rapport au chemin, et la ville a accepté de vendre le terrain sans appel d'offres ni consultation publique, ce qu’il a dénoncé dans notre rubrique Brasser la cage (notre édition du 3 juillet 2024).

«L’ampleur de ce projet et son impact sur le parc Riverain exigent que le Conseil de ville mette en place un processus d’évaluation qui permettra aux citoyennes et citoyens de participer de manière informée et démocratique dans la vision du développement du côté sud du boulevard Assomption», a-t-il fait savoir.

Ralentir le développement urbain

Omer Chouinard, professeur émérite en études de l’environnement et signataire de la pétition, estime que la crise du logement ne justifie pas que l’on bâtisse n’importe où, ni n’importe comment et à n’importe quel prix. Il déplore que les municipalités changent à un rythme effréné qui entraîne les conseils municipaux dans un tourbillon sur lequel les citoyens n’ont aucun contrôle.

«Il est temps de prendre une pause pour se rappeler que l’approche au développement urbain est une décision politique qui n’appartient pas aux promoteurs et aux intérêts privés, et que le développement durable exige de ne pas compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs besoins lorsque nous répondons aux nôtres», avance-t-il.

Aloma Jardine, responsable des communications stratégiques de la ville de Moncton, a indiqué que le projet Gateway fait actuellement l'objet d'un processus de modification du règlement municipal, qui exige que des étapes précises soient suivies.

«Comme il s'agit d'une procédure quasi-judiciaire, la ville ne peut pas faire de commentaires à ce sujet pour le moment», a-t-elle déclaré.

La demande de modification du zonage a été présentée lundi lors de la réunion ordinaire du conseil municipal, au moment du bouclage du journal. Une présentation publique du projet est prévue lors de la réunion du conseil municipal du 3 septembre. Ensuite, celui-ci sera soumis au comité consultatif d'urbanisme le 25 septembre à 17h30. Si le conseil vote en faveur du projet, celui-ci fera l'objet d'une audience publique le 7 octobre. Le processus d'audience publique permet aux membres du public de rédiger des lettres d'objection et de s'adresser au conseil. Pour Jean-Claude Basque, cette étape n’est que de la poudre aux yeux.

«Les citoyens seront invités à faire connaître leur opinion uniquement au comité consultatif d’urbanisme et à une réunion régulière du conseil municipal dans le cadre des demandes de dérogation aux règles de zonage. Soyons clair, le processus étriqué de la révision du zonage est incapable de rendre compte des enjeux cruciaux de ce projet», écrit l’activiste.

La salle du conseil municipal étant actuellement fermée jusque fin septembre pour cause de rénovations, les réunions se déroulent virtuellement et sont diffusées en direct sur la chaîne YouTube de la ville.