Communiqué de presse
Claire Johnson est professeure adjointe en gestion des services de la santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton. Elle a complété son doctorat en santé des populations à l’Université d’Ottawa.
Lors du déjeuner régulier à l’Igloo le mardi 14 mars 2023, elle nous a partagé ses connaissances sur le système de santé desservi par le secteur public et privé. Ses observations sont fondées sur des recherches surtout celles entreprises sur l’expérience du Québec qui a permis au privé d’offrir des services de santé depuis 2006. Elle ne se veut pas idéologique dans son approche; elle se veut plutôt une approche fondée sur les faits.
Voici certaines constatations de Dre Johnson :
• Les services offerts par le secteur privé sont toujours plus chers que ceux du secteur public : 30-50% plus cher!
• L’objectif principal du secteur privé est le profit. Leur principale clientèle est celle qui peut payer. Les personnes les plus vulnérables et moins nanties ne sont pas considérées comme prioritaires. Le secteur privé n’hésitera pas à couper les coins pour sauver de l’argent. Si les services professionnels sont trop dispendieux, on n’hésitera pas de remplacer des infirmières par des préposés par exemple.
• Le secteur privé n’est pas redevable à la population et la transparence n’est pas à l’ordre du jour. Les données et les finances sont souvent considérées comme confidentielles.
• On dit que le privé est plus efficace. Rien n’empêche le secteur public de s’améliorer et de devenir plus efficace.
• Le secteur public est plus règlementé et redevable à la population.
• Le secteur privé dit qu’il favorise la décentralisation des services qui lui permet d’être plus efficace. Selon Dre Johnson, la décentralisation n’est pas la propriété du secteur privé. Rien n’empêche le secteur public (gouvernement) de décentraliser les services de santé en les plaçant dans les communautés, plus près des gens.
• Les deux régies de santé, Vitalité et Horizons, sont trop centralisés. Le gouvernement a besoin de rétablir un meilleur équilibre centralisation- décentralisation au sein de ces deux régies. Des centres de santé communautaires est une option viable de décentralisation des services de santé. • Le secteur privé augmente le risque d'avoir un service à deux vitesses : Ceux et celles qui peuvent payer et ceux et celles qui ne peuvent pas payer. Le secteur public est obligé d'’accorder la priorité aux besoins de santé et non selon la capacité de payer les services. Le privé peut accentuer l’écart entre
les riches et les pauvres. Le secteur public a la responsabilité de traiter tout le monde de façon égale, indépendamment de leur situation financière.
• Le secteur privé se considère plus efficace mais il ne montre pas ses livres ni ses données de façon transparentes pour démontrer leur niveau d’efficacité. Il veut que la population les croit sur parole seulement, sans être appuyé par les faits.
• Le privé n’est pas redevable à la population de la même façon que le secteur public. Il peut ouvrir une clinique et la fermer si les profits ne sont pas au goût du propriétaire. Le niveau de responsabilité n'est pas le même, il n’y a pas même niveau de conséquences à la fermeture d’une clinique privée. Il n’en est pas de même avec une clinique publique ou un centre de santé communautaire car le gouvernement est redevable à la population.
• On a tendance à dire que le vieillissement de la population coûte plus cher en services de santé. Ce n’est pas tout-à-fait vrai. Les gens définitivement vivent plus longtemps. Un fait qu’on ne réalise pas : C’est surtout la dernière année de la vie qui coûte plus cher, que cette année soit à 55 ou à 95 ans.
• Le secteur privé a tendance à offrir des services qui répondent aux besoins de santé simples et laisse les problèmes de santé plus complexes au secteur public. Et il ne se gêne pas de dire qu’il est plus efficace!!! On compare pommes et oranges. De plus, il ne se gêne pas de vampiriser le secteur public de ses ressources humaines et de le fragiliser davantage.
Appréciation
Le but des déjeuners du 2ième mardi du mois est d’aborder des sujets d’actualité. La santé figure parmi les sujets prioritaires par les temps qui courent.
En ce mardi 14 mars 2023, une lignée de personnes attendait à la porte avant 8h00. 84 personnes se sont déplacées pour entendre et poser des questions pertinentes au Dre Johnson.
Le système de santé est un sujet complexe. Dre Johnson a su véhiculer son message de façon simple, claire et facile à comprendre. Elle a su être à l’écoute verbale et non verbale de son auditoire.
Claire Johnson a fait honneur à son nom : Elle était claire dans toutes ses explications!
(La santé : Secteur privé ou public? tel est le thème abordé par Dre Claire Johnson, professeur adjointe en gestion des services de la santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton. Elle s’adressait à 84 personnes du Groupe des déjeuners du 2ième mardi du mois au restaurant L’Igloo de Moncton. De gauche à droite, Gilles Chiasson, le président du Comité organisateur, la conférencière Dre Claire Johnson, Jean-Luc Bélanger qui a présenté la conférencière et Conrad LeBlanc qui a exprimé l’appréciation des participants de la conférence.)
