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Changer le nom de l’U de M coûterait quatre fois moins cher, selon une nouvelle étude
Le comité citoyen pour un nouveau nom a commandé un nouveau rapport sur les coûts liés au changement de nom de l’Université de Moncton. Selon l’estimation révélée mardi, le rapport Chouinard-Basque a surévalué l’impact financier. Le calcul effectué par quatre anciens diplômés de l’U de M divise le montant par quatre.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Le nouveau rapport a été remis au comité citoyen par André Leclerc, professeur émérite d’économie au campus d’Edmundston. Ce dernier a réalisé l’étude avec Pierre Nadeau, ancien directeur des services administratifs du campus d’Edmundston de l’U de ainsi qu’avec le concours de Sylvio Boudreau et de Pierre Cadieux. Tous quatre ont étudié à l’Université de Moncton.
Le rapport Chouinard-Basque s’était notamment appuyé sur les précédents fondés par les universités Ryerson (48 000 étudiants) et Utah Tech (12 500 étudiants) pour étayer ses estimations. Le rapport Leclerc indique que, récemment, deux autres universités ont changé de nom pour un coût nettement inférieur.
Le système des universités du Wisconsin l’a fait pour 480 000 $ américains (environ 663 000 $ canadiens), et l’université de Galway (Irlande) pour près de 500 000 € (environ 735 000 $ canadiens). Les Universities of Wisconsin comptent 162 000 étudiants et la University of Galway, 18 000.
«Le contexte de ces quatre universités est très différent de celui de l’Université de Moncton, soulignent les auteurs du rapport. Il est clair cependant que les deux derniers cas ressemblent davantage à l’exercice proposé par le comité citoyen pour un nouveau nom puisqu’ils se limitent à changer la dénomination de l’université sans revoir son positionnement stratégique. C’est la différence majeure entre changement de nom (renaming) et repositionnement (rebranding).»
Aux fins de son estimation, le rapport Leclerc a utilisé la même ventilation des coûts que le rapport Chouinard-Basque. La différence est majeure est le montant total est divisé par quatre. Alors que le premier rapport annonçait une somme de 4 589 000 $, la nouvelle étude évalue le coût du changement de nom à 1 163 750 $.
«Le mouvement en faveur d’un changement de nom est issu de la communauté acadienne et il continue de progresser, ajoutent les quatre anciens diplômés de l’U de M qui ont travaillé sur le rapport Leclerc. Si l’université décide de changer de nom, cette décision doit être conditionnelle à ce qu’une campagne de financement populaire prenne en charge le coût de ce changement. Les parties prenantes de ce processus devront donc s’entendre au préalable sur les sommes nécessaires au changement de nom. Il faudra aussi s’entendre sur la meilleure approche pour limiter ce coût.»
Le rapport Leclerc indique que le moment est opportun pour changer de nom, dès lors que la démarche entourant le repositionnement vient d’être effectuée.
«Il faut aussi comprendre que l’université dispose d’un budget adéquat de promotion et de communication. Ces sommes sont mises au service du recrutement et de la diffusion des réalisations de la communauté universitaire. Cet effort va continuer lorsque l’université adoptera un nom différent», estiment les auteurs.
« La première estimation a biaisé le débat »
Les porte-parole du comité, Jean-Marie Nadeau et Lise Ouellette, relèvent que Stéphanie Chouinard et Maurice Basque s’attendaient à ce que leur étude serve à accompagner les futures délibérations quant à l’avenir de l’Université de Moncton et de son nom. «Ce n’est malheureusement pas le chemin que le Conseil de l’Université a décidé d’emprunter», regrettent-t-ils.
Ils affirment que l’étude Leclerc vient confirmer leurs hypothèses initiales. «Nous maintenons notre volonté de mener une campagne de financement communautaire de 1 500 000 $ qui permettrait de couvrir la totalité, et même davantage, des coûts du changement.»
Par conséquent, ils réitèrent leur demande pour un processus ouvert et transparent d’engagement de la population dans une réflexion sur le nom de l’Université.
«Nous sommes conscients que l’aspect financier de ce débat n’est pas le seul facteur que le Conseil de l’Université doit prendre en considération. Nous croyons cependant que l’estimation contenue dans le rapport Chouinard et Basque a biaisé le débat et l’a braqué sur ce seul aspect du rapport. Une estimation plus réaliste pourra permettre aux décideurs de se concentrer sur les vrais enjeux et d’ouvrir le dossier à une consultation plus large auprès de tous les intervenants qui ont à cœur l’avenir de l’université», concluent MM. Leclerc, Nadeau, Boudreau et Cadieux.
La conférence de presse ayant eu lieu juste avant que le journal soit envoyé à l’impression, il ne nous a pas été loisible de contacter la direction de l’université pour recueillir sa réaction.