Tandis que le Festival Mosaïq se déroulait à Moncton, à 45 minutes de là, un autre rassemblement a réuni toutes les composantes de la diversité culturelle du Canada moderne.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
La pluie semble vouloir bénir la terre, mais samedi 7 septembre, ses précipitations trop importantes avaient détrempé le terrain où se déroulait le pow-wow de la Première nation de Bouctouche (Tjipogtotjg). L’essentiel des festivités fut reporté au lendemain.
«Ce rassemblement annuel est bien plus qu’un simple événement culturel : c’est un retour aux racines, un moment pour honorer les ancêtres et renforcer les liens entre les communautés autochtones et les sympathisants venus de partout», a indiqué le chef du conseil de bande, Vince LeBlanc, qui a dénombré environ 300 personnes dimanche après-midi.
Absent du calendrier pendant une vingtaine d’années, ce pow-wow a fait son grand retour en 2023. Venue en voisine, Louise Bastarache y assistait pour la deuxième année consécutive. Elle rayonnait de ferveur et d’enthousiasme. Si elle n’a pas d’ancêtres autochtones, en revanche, son cœur bat à l’unisson avec le peuple mi’kmaq. Elle est venue avec un ami, Ron Cormier, un tailleur de pierres connu sous le nom de Marche dans la forêt (Walks in Forest).
Vince LeBlanc, chef du conseil de bande de la Première nation de Tjipogtotjg, et Ron Cormier alias Marche dans la forêt/Walks in Forest. (Photo : Damien Dauphin)
«C’est Ron qui a fait naître ma passion pour les pow-wow et la culture autochtone. J’adore ça. C’est bien d’avoir quelque chose comme ceci dans notre région, et ce n’est pas loin de chez nous.»
Le pow-wow est aussi l’occasion de célébrer la diversité de ceux qui y participent. Parmi les spectateurs, des Acadiens et des francophones, curieux et respectueux, viennent à la rencontre de la culture autochtone.
Ron Cormier s’est fait une spécialité dans l’art de tailler des pointes de flèche pour en faire des bijoux. Louise Bastarache en porte en collier et en pendants d’oreille. (Photo : Damien Dauphin)
Peu après, nous rencontrons l’oncle de Louise Bastarache, Jean-Pierre Richard, qui n’est autre que le maire de Champdoré, la communauté voisine. L’édile nous confie aimer beaucoup les tambours, admirer les habits et les danses, et la manière qu’ont ses voisins mi’kmaq d’exprimer leur culture.
Mais parmi la foule bigarrée, on rencontre également des visiteurs en provenance de l’international. Il y a là des Asiatiques, des Africains. Le hasard nous fait rencontrer Soumia Ajdir, une nouvelle arrivante marocaine que nous avions interrogée en juin dernier à l’école Claudette-Bradshaw dans le cadre du programme des petits déjeuners. Établie à Moncton avec sa famille depuis la fin de l’an dernier, elle assiste à son premier pow-wow.
«Je suis vraiment émerveillée. Ce que je voyais à la télé ou lisait dans les livres, je le vois là, maintenant», a-t-elle confié avec des étoiles dans les yeux.
Originaires de Rabat (Maroc), Soumia Ajdir et Mostafa Oumay (à droite sur la photo) assistaient en famille à leur premier pow-wow où ils ont remarqué des points communs avec leur propre culture. (Photo : Damien Dauphin)
Son mari, Mostafa Oumay, a observé des similitudes avec les propres coutumes de son pays d’origine. «Nous aussi, nous avons nos ancêtres et ils ont aussi ce genre de musique et de traditions. Chacun a sa manière de le faire. Quand je suis arrivé, ce que j’ai entendu m’a rappelé un chant de chez nous, au Maroc.»
Ensemble, ils ont tourné leurs visages en direction du cercle sacré, où chaque battement de tambour raconte une histoire. Les danses, tour à tour solennelles et exaltantes, ont rythmé la journée en marquant chaque instant d’un souffle ancestral.
Pour les Autochtones comme pour les sympathisants, ce pow-wow n’est pas seulement une fête. C’est un acte de mémoire, une résistance pacifique, et une invitation à marcher ensemble sous le même ciel, sous une pluie intermittente entrecoupée d’éclaircies.