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Attaqué par le député sortant, le Parti vert réplique du tac au tac
De l’avis général, la circonscription de Dieppe-Memramcook constitue un bastion libéral. Dans cette région qui n’a plus été bleue depuis Cy LeBlanc, ce n’est pas le Parti progressiste-conservateur qui fait figure de challenger, mais le Parti vert. C’est donc en direction de celui-ci que Richard Losier a décoché des flèches.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Mercredi 7 août, lors de la convention libérale dans Dieppe-Memramcook au Monument-Lefebvre, Richard Losier a probablement prononcé la dernière allocution de sa brève carrière politique.
Le député sortant de la désormais défunte circonscription de Dieppe a eu des mots tendres pour deux de ses collègues. D’abord Marco LeBlanc, élu en même temps que lui lors de l’élection partielle de 2023, puis Robert Gauvin, son collègue de bureau et ami de trente ans avec lequel il a tissé des liens quasi-familiaux.
M. Losier n’a pas eu la même tendresse pour les conservateurs, adversaires déclarés, ni pour les écologistes, érigés au rang de principaux rivaux.
«Je pense qu’on est sur la bonne voie. Le monde est écœuré de Blaine Higgs. Mais David Coon n’est pas une option», a-t-il déclaré par la suite avant de détailler les raisons de cette remarque.
«Rappelez-vous qu’en 2020, le chef du Parti vert avait la chance de débarquer Blaine Higgs. Il fallait qu’il vote contre le budget. La seule fois qu’il a voté pour le budget durant ses 11 années en chambre, c’est cette année-là. C’est l’année où Blaine Higgs voulait fermer l’urgence à Sackville et à Stella-Maris de Kent où il y a deux députés verts. N’oubliez pas ça en allant voter au mois d’octobre.»
Le candidat du Parti vert, Jacques Giguère, y voit un vieux réflexe typique de la vieille politique politicienne. Confiant sa réaction au Moniteur acadien, il est d’avis que M. Losier n’a fait que répéter le discours que son parti lui a demandé de dire.
«C’est le discours des perdants, estime-t-il. Quand vous attaquez quelqu’un, c’est parce que vous en avez peur. Cet appel au vote stratégique est une insulte à l’intelligence des citoyens. Ils leur disent : ne réfléchissez pas, votez pour nous. Si j’étais libéral, je serais déçu de voir ça.»
Celui qui, comme Natacha Labrie Vautour, habite dorénavant à Memramcook après avoir vécu à Dieppe pendant trente ans, affirme qu’il y a une différence d’enjeu entre une élection partielle et une élection générale. L’élection partielle de l’an dernier, qui a vu Richard Losier être investi sans opposition puis élu avec environ 70% des suffrages, n’allait rien changer à la composition de l’Assemblée législative.
Questions environnementales et défense de la langue française
Rappelant que la candidate écologiste, Chantal Landry, avait recueilli près de 19% des voix avec peu de préparation, il estime que le Parti vert monte dans les intentions de vote au détriment du Parti libéral. Sachant que Blaine Higgs ne fait pas l’unanimité au sein de sa propre formation politique, il dit constater non sans une pointe d’ironie que le Parti libéral est devenu une annexe du Parti progressiste-conservateur.
«Les libéraux sont l’équipe B des conservateurs, dit-il. De Robert Gauvin à Bruce Northrop, six ou sept conservateurs sont devenus libéraux. Je comprends pourquoi les gens sont cyniques. Le monde est tanné, mais bien malin qui peut dire à quel point les gens en ont marre. Si les citoyens ne veulent pas que ça change, ils n’ont qu’à voter libéral.»
Jacques Giguère avance que le Parti vert propose des solutions concrètes là où le Parti libéral reste vague sur ses intentions, comme par exemple l’exploitation du gaz de schiste. «Ils disent qu’il n’y a pas de consensus social. Donc, le jour où ils diront qu’il y a un consensus, ils seront pour? Pour nous, c’est clair : pas d’exploitation.»
En ce qui concerne la protection de la langue française, M. Giguère indique que les libéraux «tiennent le vote francophone pour acquis, mais ils ont besoin du vote anglophone pour gagner. Nous, nous voulons négocier une entente avec Ottawa pour renforcer l’immigration francophone au N.-B.»
S’il est élu le 21 octobre, Jacques Giguère s’engage à rencontrer son électorat deux fois par an pour le sonder sur ses priorités et lui rendre des comptes.