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A Shediac, la maison Webster est en vente depuis 915 jours


Damien Dauphin
Le Moniteur Acadien


Édifiée en 1911, la maison Webster à Shediac est inscrite au répertoire des lieux patrimoniaux du Canada depuis le 24 janvier 2006. John Clarence Webster (1863-1950) en fut le premier propriétaire. Natif de Shediac, il fit des études de médecine en Écosse où il commença sa pratique médicale avant de l’exercer à Montréal et à Chicago. Après être revenu s’établir à Shediac, il se consacra à la science historique et publia des ouvrages de référence sur l’histoire des Provinces maritimes. À titre de président de la Commission des sites historiques du Canada, il fut l’artisan de la conservation de plusieurs sites d’importance tels que le Fort Annapolis Royal, le Fort Beauséjour et la Forteresse de Louisbourg. Collectionneur passionné, il jeta les fondations du département d’histoire canadienne en léguant ses collections au Musée du Nouveau-Brunswick en 1934.


(Le dernier des Webster qui a résidé dans la maison a regretté jusqu’à la fin de sa vie d’avoir contribué au développement de la bombe atomique. Photo : Gracieuseté)

La maison qui porte son nom fut construite il y a 112 ans par des artisans acadiens d’après des plans fournis par un architecte de Chicago, Ernest Walker (1869-1918). Son style architectural évoque les résidences estivales typiques de la Nouvelle-Angleterre, que l’on considère d’inspiration hollandaise. Très prisé au cours des deux dernières décennies du XXe siècle, ce style américain est caractérisé principalement par un toit brisé sur deux eaux, recouvert d’ardoises et flanqué de cheminées à chaque extrémité.

Le dernier des Webster qui a résidé dans cette demeure imposante était William Lusk Webster, le plus jeune fils de John Clarence Webster. Samuel Imbeault, dont la famille possède actuellement la propriété, mentionne que ce scientifique a joué un rôle important auprès de Robert Oppenheimer dans le « Projet Manhattan » de développement de la bombe atomique. Il semble que l’ampleur des dévastations au Japon ait fait perdre la raison à William Webster qui, jusqu’à sa mort en 1975, a vécu en ermite dans la maison de ses parents.

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(Vue d’ensemble de la propriété qui borde la rivière Scoudouc à Shediac. Photo : Roger LeBlanc / ReMax Avante)

La maison Webster a déjà servi d’auberge restaurant avant de redevenir une propriété privée. Symboliquement placée sous le chiffre 14, la demeure sise au 114 promenade Riverside comporte 14 chambres et autant de salles de bain. Sa capacité d’hébergement, d’une surface de 10 000 pieds carrés sur 9 acres de terrain, est comparable à celle de la plupart des châteaux français que leurs propriétaires ont reconvertis dans l’hôtellerie de luxe pour subvenir aux frais d’entretien. D’un potentiel indéniable, il s’agit d’un bien idéalement situé mais qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. La maison Webster est mise en vente au prix de 2,5 millions $ et figure sur le marché immobilier depuis mars 2021.

« L’environnement économique des dernières années n’est pas le meilleur, reconnaît Samuel Imbeault, mais il y a des gens qui nous ont fait part d’idées intéressantes sur le plan commercial, comme par exemple une école d’art culinaire. Nous avons hâte de voir ce que les prochains propriétaires vont en faire. »

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