C’est sans opposition qu’Alexandre Cédric Doucet a officiellement obtenu jeudi dernier l’investiture du Parti libéral dans la circonscription de Moncton-Est. Adoubé par Susan Holt et ses lieutenants, le jeune avocat est une recrue de choix pour l’opposition officielle qui tentera de ravir le pouvoir aux progressistes-conservateurs.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
C’est un cours d’introduction aux sciences politiques qui a donné à Alexandre Cédric Doucet, lorsqu’il était étudiant, la passion du service public.
(Alexandre Cédric Doucet est allé à la rencontre des citoyens de Moncton-Est au cours des derniers mois. Photo : Damien Dauphin)
«J’ai compris que la politique était l’une des plus belles façons de servir sa communauté. Ce désir me pousse aujourd’hui à me présenter en politique provinciale», a dit le président sortant de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB). Nul doute que son mandat à la tête de l’organisme n’a fait que renforcer une vocation qui ne demandait qu’à s’épanouir.
«Malgré son jeune âge, Alexandre a une expérience énorme dans le wagon de la politique, reconnaît Robert Gauvin. Il est habitué à négocier avec le gouvernement. C’est une personne très articulée qui va amener de l’énergie et du sang neuf à l’équipe», a confié au Moniteur Acadien le député de Baie de Shediac – Dieppe, lui-même déjà investi dans sa circonscription.
(Une atmosphère détendue alors que le petit Jacob assiste à sa première réunion politique dans les bras de sa maman, Pascale Rioux Doucet (à gauche). Photo : Damien Dauphin)
D’autres députés provinciaux de la région étaient présents aux côtés de leur cheffe Susan Holt pour accueillir celui qu’ils espèrent voir les rejoindre à l’Assemblée législative dans quelques mois : Rob McKee (Moncton-Centre), Richard Losier (Dieppe), et Jacques LeBlanc (Shediac – Beaubassin-est – Cap-Acadie).
Certains ténors du Parti libéral sont venus du nord de la province pour assister à la soirée qui a rassemblé plusieurs dizaines de personnes au Centre Père-Patrice-LeBlanc, dans le secteur de la promenade Elmwood à Moncton. Daniel Guitard, maire de Belle-Baie et ancien député de Restigouche-Chaleur, mais aussi Keith Chiasson (Tracadie-Sheila) et René Legacy. Ce dernier est venu encourager celui qui est originaire de sa circonscription (Bathurst-Ouest – Beresford).
«C’est un gars de mon coin dans la région Chaleur, et je le connaissais d’avant. J’ai toujours eu de très bonnes relations avec lui et c’est un excellent ajout à l’équipe. J’ai hâte de travailler avec lui», confie-t-il.
Au cours des derniers mois, Alexandre Cédric Doucet a parcouru Moncton-Est à la rencontre de son futur électorat. De cette immersion sur le terrain, il a livré quelques impressions.
«Je pense à une infirmière à temps plein de la rue Pine Street, mère monoparentale, qui a de la difficulté à payer ses factures d’électricité et qui vient de recevoir une augmentation de taxe foncière. Je pense à ces nouveaux arrivants qui vivent dans le quartier de Sunny Brae qui peinent à joindre les deux bouts. Je pense aussi aux familles du quartier de Lewisville qui ne peuvent plus dormir le soir en raison du manque d’action du gouvernement provincial de retirer les licences d’American Iron and Metal Recycling.»
Susan Holt vante Moncton comme modèle pour la province
Susan Holt s’est déclarée dynamisée par l’énergie qu’elle trouve à Moncton. La députée de Bathurst-Est – Nepisiguit – Saint-Isidore, qui tentera de se faire élire dans Fredericton-Sud – Silverwood lors du prochain scrutin, a lancé au public que Moncton incarnait le futur du Nouveau-Brunswick.
«Le reste du Nouveau-Brunswick peut apprendre de Moncton. Ici, ça bouge. Il y a une belle diversité qui nous donne de l’énergie. Ça fourmille d’idées, d’innovations, c’est un monde qui sait que les choses sont possibles et qui n’attend personne pour faire le travail.»
La cheffe de l’opposition officielle table notamment sur l’accès aux soins de santé pour rejoindre les électeurs au cœur de leurs préoccupations. Alors qu’elle effectue une tournée provinciale pour prendre le pouls de la population, elle déplore que beaucoup de Néo-Brunswickois n’aient pas accès à un médecin de famille ou à une infirmière pour fournir des soins de santé primaires.
«Ils ne savent pas vers qui se tourner et ils ont peur d’aller en salle d’urgences car ils savent qu’ils vont attendre. Nous allons nous assurer que les soins de santé soient accessibles à tout le monde. Chacun mérite d’avoir accès aux soins quand il en a besoin et dans sa communauté proche de chez lui.»
Esquisses d’un programme et d’une nouvelle gouvernance
Faisant référence au remboursement de la dette priorisé par le gouvernement Higgs lorsqu’il ventile les surplus budgétaires, Susan Holt déclare qu’il est possible d’équilibrer le budget, de payer les dettes et de faire progresser la province dans le système des soins, du logement abordable et de l’immigration. «Ce n’est pas un choix à faire. On peut faire tout ça en même temps», assène-t-elle.
Depuis son élection à la tête du Parti libéral durant l’été 2022, Mme Holt clame qu’elle veut faire de la politique autrement. À cet égard, elle tacle la concentration des pouvoirs dans le bureau du premier ministre. Un style qui, elle le reconnaît, a commencé sous le libéral Frank McKenna, et s’est accentué sous les gouvernements Gallant et Higgs. Expliquant la raison pour laquelle elle ne prend pas toute la lumière, elle préconise un gouvernement au style collaboratif.
«Un homme, ou une femme, ne peut pas tout faire tout seul. Gouverner, c’est un travail d’équipe. Ça prend plusieurs personnes. Nous avons besoin de personnes qui représentent chaque coin de la province pour prendre les meilleures décisions. Des gens avec des perspectives différentes mais qui font le travail avec leur cœur dans leur communauté. On va se rassembler et faire le travail ensemble!», a-t-elle lancé sous les applaudissements d’une foule galvanisée.
Les aînés encouragés…
À l’issue des discours officiels, les réactions du public étaient positives. Gracia Couturier assistait à sa première réunion politique depuis la disparition du Parti acadien. C’est à pied qu’elle est venue en voisine dans la salle qui sert de bureau de vote dans son quartier. «Alexandre est un gars dévoué et intelligent. J’ai confiance que notre circonscription va élire le bon candidat», dit celle qui espère se «débarrasser de Blaine Higgs».
(Venue en voisine, Gracia Couturier compte voter pour Alexandre Cédric Doucet. Photo : Damien Dauphin)
Marcel Larocque, président de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick (AFANB), a pour sa part salué la réceptivité du Parti libéral aux propositions que son organisme a présentées dans le rapport intitulé «Vieillir dans l’indifférence et l’indignité au Nouveau-Brunswick».
«Ça fait longtemps que l’AFANB milite auprès de tous les partis politiques pour que les soins aux aînés soient mis au premier plan. Nous avons formulé des recommandations très simples. Les libéraux les connaissent. Le gouvernement actuel les connaît. Il s’agit des soins à domiciles le plus longtemps possible, des normes de sécurité, un personnel qualifié», rappelle-t-il.
… et les étudiants aussi !
Conduits par la présidente de l’Association des étudiantes et étudiants internationaux du Campus universitaire de Moncton (AÉÉICUM), Jovial Osundu Orlachi, quelques étudiants d’origine africaine ont suivi les discours avec intérêt et se sont entretenus par la suite avec les élus actuels et les candidats.
«Je m’intéresse à la santé et aux problèmes de l’accessibilité au logement. Je souhaite que dans la province, les gens de toutes les races et de toutes les langues puissent se sentir à l’aise. Beaucoup de nos étudiants internationaux sont francophones. Il est important qu’ils puissent vivre en français et travailler en français», indique celle qui manqua de peu se faire élire à la présidence de la FÉCUM au printemps 2023.
C’est Étienne Bélanger qui a pris la succession de Jean-Sébastien Léger. Présent lui aussi à l’investiture de M. Doucet, il s’est dit encouragé de voir qu’un ancien président de la FÉCUM se lance en politique. En tant qu’étudiant en sciences de l’éducation, il se dit touché par la question des stages non rémunérés.
« Il y a un gros changement à faire à ce niveau-là. Du côté de l’inclusion, on a vraiment besoin d’une province qui mettent en avant le respect des autres et l’ouverture d’esprit », ajoute-t-il.
Avec un lyrisme qui n’est pas sans rappeler celui de Martin Luther King, le candidat libéral dans Moncton-Est l’a pleinement rassuré sur ce point.
«Je rêve de voir un gouvernement du Nouveau-Brunswick qui bâtisse et entretienne une véritable relation avec les communautés autochtones. Je rêve de voir un gouvernement du Nouveau-Brunswick qui respecte les deux communautés linguistiques de langues officielles. Je rêve de vivre dans une province où la dignité de chaque personne est fondamentalement respectée», a plaidé Alexandre Cédric Doucet.
Parti libéral : 23 candidats confirmés
Alexandre Cédric Doucet est le 23e candidat investi par le Parti libéral en vue des prochaines élections provinciales. L’investiture de Susan Holt dans la circonscription de Fredericton-Sud – Silverwood n’a toutefois pas encore eu lieu.
Outre M. Doucet, les candidats officiels dans la région sont : Claire Johnson (Moncton-Sud), Dave Gauthro (Albert-Riverview), Jacques LeBlanc (Shediac – Cap-Acadie), Richard Losier (Dieppe-Memramcook), Rob McKee (Moncton-Centre) et Robert Gauvin (Baie de Shediac – Dieppe).
Monique LeBlanc
Ancienne députée d’une circonscription de Moncton-Est dont le territoire change suite au redécoupage électoral, Monique LeBlanc a assisté à l’investiture de l’ancien président de la SANB. La conseillère générale de Moncton, ancienne whip libérale à l’Assemblée législative, pourrait affronter Ernie Steeves suite au renoncement de Nadine Larche. Initialement pressentie pour porter la bannière écarlate dans Moncton-Nord-Ouest, cette dernière a renoncé pour raisons personnelles à briguer l’investiture.
Daniel Allain
Il n’y aura pas de duel au sommet entre Alexandre Cédric Doucet et Daniel Allain. L’actuel député de Moncton-Est a indiqué vouloir se présenter dans la nouvelle circonscription de Champdoré-Irishtown, sous réserve que les élections aient lieu au mois d’octobre et non par anticipation.